Au secours : mon enfant est accro aux jeux vidéos

Les chiffres sont formels. En France, 97 % des 10-14 ans et 94 % des 15-18 ans jouent aux jeux vidéo. Si pour certains, c’est une occupation occasionnelle – le temps des vacances scolaires, quelques heures en soirées – pour d’autres, c’est une passion un peu trop prenante.

Récemment, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu l’addiction aux jeux vidéo comme une maladie. C’est la seconde cause pour laquelle les adolescents consultent un psychologue en France. Si les parents ont toujours tendance à être alarmiste lorsque quelque chose touche à la santé de leur enfant, encore faut-il savoir différencier passion trop prenante d’une véritable dépendance.

Pourquoi les enfants aiment-ils tant les jeux vidéo ?

Avec la démocratisation d’internet, tous les enfants ou presque passent un peu trop de temps derrière un écran au goût de leurs parents. Tablettes, ordinateurs, Smartphones, leur usage se limite rarement à la simple documentation. Et avec l’émergence des jeux en ligne, difficile de rester loin de la mode. S’il y a une vingtaine d’années, les enfants se divertissaient dans la vie réelle ou à travers leurs lectures, les tendances évoluent. Les MMORPG développent des univers riches avec des histoires souvent très prenantes basées sur des mondes fantasy ou futuristes.

On peut penser notamment à World of Warcraft, The Elder Scrolls Online, Aion… Les MOBA, arènes multijoueurs en ligne, permettent à des équipes de 3 ou 5 joueurs de s’affronter mettant en avant les aptitudes stratégiques et la rapidité des joueurs : League of Legends, Smite, anciennement HOTS, sont tant de licences qui ont la cote chez les 10-18 ans.

Plus récemment, tout parent a été confronté au phénomène Fortnite, basé sur un gameplay pourtant rudimentaire, qui a séduit aussi bien les joueurs garçons que filles…

Pour les enfants, les jeux vidéo sont un moyen de s’évader, de rêver, mais aussi de retrouver leurs copains dans un monde virtuel, s’y affronter ou coopérer. Sur le principe, les jeux vidéo ne font pas de mal. Minecraft, qui a connu un succès planétaire, bien qu’assez addictif a fait naître chez beaucoup une vocation d’architecte… Les vieilles générations ont pu par exemple parfaire leurs connaissances de la Rome antique et des rois de France à travers la licence Age of Empire… Mais, consommés à outrance, les jeux vidéo peuvent avoir des effets néfastes.

Pour savoir où se situe votre enfant, il faut analyser son comportement.

Geek ou accro ? Les signes qui ne trompent pas

La durée de jeu et la fréquence. N’importe quel enfant, à un moment ou un autre peut flasher sur un jeu et passer 25, 30 ou 50 heures plongé dans son univers et ne décrocher qu’une fois le jeu terminé. Cela ne fait pas de lui un accro. Un vrai addict va non seulement jouer pendant de longues plages horaires, mais surtout sur une période de plusieurs mois ou années. Selon l’OMS pour poser un diagnostic d’addiction aux jeux vidéo, il faut que ce comportement soit observable durant au moins 12 mois.

Le comportement. Nombreux sont les signes qui montrent une surconsommation de jeux vidéo. Un enfant renfermé sur lui-même, qui ne communique plus avec ses parents. Un enfant qui n’a plus aucune interaction sociale avec ses amis, qui reste perpétuellement enfermé à la maison les soirs et les week-ends… qui s’énerve ou devient même colérique lorsqu’on lui demander d’arrêter de jouer ou lorsqu’on le prive de son jeu, qui se couche à des heures très tardives, qui développe des troubles du sommeil et est en échec scolaire… *

Bien que l’OMS reconnaît l’addiction aux jeux vidéo comme une pathologie, pour certains médecins, les symptômes causés par l’abus de jeux viendraient d’un trouble sous-jacent. Par exemple, la dépression ne serait pas causée par les jeux, mais un dépressif aurait plus tendance à s’enfermer dans les jeux à cause de sa maladie.

Dialoguer avec votre enfant

Si vous constatez que votre enfant consomme peut-être un peu trop de jeux vidéo, inutile de l’accabler ou de foncer chez le psychologue. La solution la plus raisonnable est d’entamer un dialogue afin d’essayer de comprendre ce qui motive son comportement. L’adolescence est une période difficile pour beaucoup et les ados sont souvent complexés et timides…

Dans les jeux vidéo, ils peuvent créer un personnage ressemblant à ce qu’ils voudraient être, doté de pouvoirs magiques et d’armures balèzes, se montrer extravertis et se faire des amis virtuels.

C’est aussi un moyen d’assouvir leur besoin de compétition et de combler l’ennui. Pour se défaire de cette passion un peu trop prenante, un adolescent doit comprendre qu’il peut être heureux en pratiquant aussi des activités « réelles ». Proposez-lui de s’essayer à la lecture, la musique, le théâtre et fixez des règles.

Autorisez-lui, par exemple, 1 ou 2 heures de jeux vidéo par jour, mais une fois les devoirs terminés. Essayez aussi de l’orienter vers des jeux en solo qui ont un début et une fin. Les jeux en ligne, n’ont de limites que l’inspiration des développeurs et poussent souvent un peu trop à la surconsommation. En bref, pas de panique si votre enfant joue un peu trop aux jeux vidéo. La plupart du temps, une prise de mesures et un suivi régulier permettront de le faire décrocher. Les vrais accros sont seulement au nombre de 5 %.